Yves Marchand et Romain Mefffre – Détroit, vestiges du rêve américain (Steidl)
Les auteurs ont compilé sept années d’arpentage pour dresser ce portrait effroyable du royaume déchu des « Big Three ». La ville y apparaît comme une carcasse du rêve américain, où, une fois inutiles, écoles, commissariats, bibliothèques, théâtres et hôtels sont simplement laissés à l’abandon, figés dans le temps, transformant Détroit en cité jetable. Les images — entre Stalker, L’Armée des 12 singes et Tchernobyl — se succèdent, parfois jusqu’à la nausée. Le sujet est traité de manière brute et le texte reste sobre, ne prenant jamais le pas sur l’image, qui reste le premier objet de l’ouvrage. Ce remarquable document, au format généreux, n’est pas sans rappeler le travail d’Alex Mac Lean dans son utilisation de la photo pour illustrer le rapport consumériste de nos sociétés à l’espace. Bien loin des bricolages héliportés d’un Yann-Arthus Bertrand…
NA