L’entretien | Zed Yun Pavarotti
Ancien messager du rap devenu passager du rock, Zed Yun Pavarotti éclairera la scène de l’Espace Julien à l’occasion du festival Avec Le Temps. L’occasion idéale de poser quelques questions à l’hyper rêveur de la scène française…
Comment vis-tu le changement entre le rap et le rock : est-ce-que c’est une évolution, un changement, un défi ?
Je ne me pose pas trop la question parce que je n’avais pas le choix. C’est une évolution logique, disons que j’écoute mon cœur. Si je n’avais pas fait ça, j’aurais fait quelque chose que j’aimais moins. Si j’ai tout sacrifié pour faire de la musique, c’est pour m’écouter jusqu’au bout. Il faut peut-être plus de communication pour expliquer en quoi c’est légitime, mais je m’épanouis à mort. J’ai jamais été aussi heureux de faire de la musique !
Tu as une grande culture rock anglo-saxonne, mais tu continues à chanter en français ; as-tu l’impression de créer une passerelle entre ces différentes cultures ?
Peut-être qu’un jour je tenterai d’écrire en anglais, parce que c’est une langue plus musicale et que pour le développement mélodique, c’est plus pratique. Mais moi, ma mission, c’est d’avoir une œuvre en français à la fin de ma vie. Ça revient peut-être à faire ce qui est difficilement faisable, quelque chose de musical où la langue n’accroche pas trop. Je trouve que les tournures de phrases françaises ont plus de qualité, on peut mettre plus d’émotion.
Si tu fais le bilan de ces dernières années, est-ce-que tu te rapproches du Zed Yun Pavarotti que tu as envie d’être ?
À 100 000 % ! Quand je réécoute un peu ce que j’ai fait avant, j’entends la même intention que maintenant, mais en y arrivant moins. Je me sens libéré, à ma place. J’ai plus de variétés, de choses accessibles dans la création. J’avoue que je n’ai plus aucune limite. Pour moi, c’est le paradis.
Après, sur le terrain de l’écriture, vu que j’ai passé sept ou huit ans de ma vie à rapper, ça induit un style particulier, et même si je n’ai pas l’impression d’utiliser des codes du rap, j’imagine que les tournures de phrases sont impactées par ce bagage.
Par rapport à tes clips, tes scénarios, quel réalisateur ou quelle réalisatrice peuvent t’inspirer ?
Avec Charles Leroy, on se rejoint assez facilement sur les rêves… Sorrentino revient à chaque fois qu’on doit écrire un truc, parce que c’est parfait sur la lumière, sur la manière de mettre en cadre une personnalité, de faire les portraits… C’est une grande référence pour nous.
Au moment de l’écriture des clips, on a sûrement dû penser Scorsese à mort pour les mouvements, surtout les travellings. Dès qu’on se lance dans un plan-séquence, on revoit Casino, des trucs comme ça… Après, moi, j’adore Paul Thomas Anderson. Donc quand il faut trouver une mécanique, un truc un peu accrocheur esthétiquement, je me tourne un peu vers lui.
Hyper romantique, hyper sensible, hyper rêveur… Quel serait ton plus grand rêve sous la pleine Lune ?
Je pense que les gars comme moi cherchent le meilleur moyen de vibrer sobrement. Donc mon plus grand rêve, ça restera, de toute façon, le sentiment amoureux, de rencontrer quelqu’un qui change ta vie. C’est une des plus grandes choses qu’on peut arriver à créer sur Terre, et la musique l’accompagne parfaitement.
Après, il peut y avoir beaucoup de satisfaction à s’accomplir seul et à se sentir bien avec soi-même… Je commence à arriver sur ce chemin et à pouvoir savourer un peu aussi les victoires quand il y en a.
Quelle émotion ressens-tu le plus avec ton public ?
C’est variable. Ce qui m’intéresse, c’est de créer un moment de récréation. Un peu comme à l’école, en fin d’année, début juin, il fait beau, ça dure une heure, tout le monde est complètement euphorique comme cent gamins qui courent dans tous les sens en hurlant. C’est des bons souvenirs et j’aimerais bien que ça ressemble à ça. Et ça ressemble souvent à ça, en vrai. Je suis sur un truc très chaleureux, très libéré. J’essaie de ne pas être trop dans la figure dogmatique engendrée par la scène et le fait qu’il y ait une séparation. J’essaie de faire en sorte qu’il y ait une harmonie générale, qu’il n’y ait pas de pression, qu’il n’y ait pas de gêne surtout.
Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore et qui te découvriront peut-être au festival Avec le Temps, quel serait le titre que tu pourrais leur conseiller pour une petite mise en bouche de ton travail ?
En vue des concerts, je ne sais pas… C’est dur. Dans ces énergies là, pour avoir un aperçu du concert, je pense au morceau Girlfriend…
Propos recueillis par Zac Maza
Zed Yun Pavarotti + Peet : le 21/03 à l’Espace Julien (6e).
Rens. : festival-avecletemps.com
À écouter : Encore (Maximale édition), sortie le 15/03.
Pour en (sa)voir plus : zedyunpavarotti.com