Drame de Laurent Boutonnat (France - 1994 - 2h57), avec Mylène Farmer, Jeff Dahlgren...
1918. Blessé, le jeune docteur Giorgio Volli est rendu à la vie civile et part aussitôt retrouver le groupe d'enfants dont il s'occupait avant la guerre. Il arrive dans une région perdue aux habitants hostiles et ne trouve qu'un vieil orphelinat vide : les enfants ont disparu dans des conditions mystérieuses. Terrifié et anéanti par ce qu'il apprend, Giorgio fait alors la rencontre de Catherine, une étrange jeune fille dont il s'éprend...
Giorgino n’est ni un succès au box office, ni un film culte, pourtant il témoigne d’une volonté de réaliser une œuvre totale, un catalogue d’atmosphères qui compose le monde énigmatique et pernicieux que Mylène Farmer et Laurent Boutonnat se sont appliqués à raconter durant une décennie. Giorgino est un peu comme la clé de voûte de leur univers commun, dès lors, un univers qui ne retrouvera jamais tout à fait son intégrité.
Le film est méconnu, il est pourtant à l’origine d’une métamorphose. Après seulement trois semaines à l’affiche, le film sort des programmes. C’est un échec commercial. Laurent Boutonnat rachète les droits. Giorgino, film maudit, disparaît, tout comme Mylène Farmer.
Un voyage, une virée en Californie qui s’éternise, elle revient en France anamorphosée et sort un nouvel album comme on entame un nouveau départ. Derrière la caméra ce n’est plus Laurent Boutonnat. Giorgino ? La plaine slovaque enneigée, des paysages immaculés, blanc comme un souvenir oublié.
Le film traverse les décennies, fantôme, en sous mains, littéralement. Pendant des années un rip du film circule, des copies VHS pirates s’échangent entre fans, témoignage nostalgique d’une icône qu’on voudrait inchangée.
Devenir autre sans pour autant ne plus être soi-même. A la fin des années 1990 Mylène Farmer se transforme, une métamorphose nécessaire à une artiste si singulière, à fleur de peau; une peau comme la mue d’un serpent vulnérable et violent, dont la vitalité se saurait s’exprimer autrement qu’a travers une forme d’émotivité radical. Une peau qu’on laisse derrière soi, Giorgino l’est sûrement, tout comme ces choses qui nous empêchent et dont un jour ou l’autre il faudra bien faire le deuil.
Videodrome 2 Le dimanche 3 décembre 2023 à 19h Prix libre (+ adhésion annuelle : 6 €) www.videodrome2.fr
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