Documentaire de Phil Collins (États-Unis - 2020 - 1h28)
L’ombre d’Angela Davis plane sur Bring Down the Walls dont les textes, lus en voix off par Robert Owens, résonnent avec les mouvements de caméra et les mouvements des corps : ceux dansants des clubbers américains, ceux empêchés des prisonniers de Sing Sing ou d’ailleurs. Où l’on passe de discussions publiques tenues au grand jour aux débandades joyeuses de dancefloors nocturnes…
Entre le documentaire, l’agit-prop et la lettre d’amour à la house music, le film du cinéaste britannique Phil Collins emprunte son titre à la chanson de Robert Owens sortie en 1986. Un classique qui parle de sexe et de danse, dont la portée sociale et politique n’a pas échappé au réalisateur qui met en parallèle les injustices des conditions de vie des détenu·es aux États-Unis (« la plus grande violation des droits humains sur cette planète ») et le pouvoir de la house music en tant que catalyseur de connexion humaine. Car, entre le folk engagé des années 1960 et la vague disco des années 1990, la house music a fait des clubs des espaces de libération des corps… l’exact contraire des prisons. Discours, conférences, prises de paroles d’activistes et d’ancien·nes prisonnier·ères, scènes filmées derrière les barreaux et dans les clubs forment un tout indissociable qui fait de Bring Down the Walls un « objet filmique non identifié » sur un mouvement hédoniste porté par les communautés noires, latinos et queers de New York, Chicago ou Détroit. Et donc longtemps méprisé… Phil Collins a réussi son pari : déconstruire et dénoncer le système carcéral américain par le prisme de la house music et du nightclubbing, tout en conjuguant brillamment une mise en perspective historique et politique avec un activisme festif.